Un incroyable scan 3D à 1.000m sous les mers !
Scanner un objet en 3D, c’est déjà suffisamment complexe techniquement. Mais scanner un objet en 3D au fond de l’océan ? On atteint alors un degré de performance qui vaut toutes les accolades.
C’est ce qu’a réalisé une équipe d’ingénieurs chargée de reconstituer l’épave de sous-marin jusqu’alors disparue. Récit.
L’ USS Grunion, histoire d’un oublié
En 1942, le sous-marin Américain USS Grunion est rappelé à la base après avoir rempli sa mission et torpillé deux navires de reconnaissance japonais. Personne n’entendra plus jamais parler de lui et sa disparition resta un mystère pendant les décennies qui suivirent. 70 marins travaillaient à son bord.
L’épave de ce géant de fer ne fût retrouvée qu’il y a 12 ans, soit plus de 70 ans plus tard, au large de l’île de Kiska (Alaska) et grâce à la ténacité de la famille du Capitaine de l’USS Grunion. Toutefois la carcasse, déchirée en deux, donna du fil à retordre aux parties prenantes car un morceau en restait désespérément manquant. Impossible de mettre la main sur la proue (la tête) du malheureux sous-marin.
C’est l’année dernière (2018) que se sont accélérées les choses. L’équipe d’ingénieurs menant le projet « Lost 52 » (cherchant à retrouver les épaves de 52 navires disparus) entreprit un scan des fonds océaniques par sonar, et découvrît enfin la dernière pièce de ce puzzle grandeur nature. Celle-ci reposait paisiblement à 400m du reste de l’épave, sur les pentes d’une piste volcanique.
L’hypothèse la plus probable quant à la chute du vaisseau américain est celle d’une rencontre avec un navire de combat japonais sur le chemin du retour. Mais comment en être sûr ? En étudiant scrupuleusement chaque mètre carré de la coque, naturellement !
Plus facile à dire qu’à faire…
Scan 3D, le futur de l’archéologie sous-marine ?
Une tâche compliquée ? Oui. Mais plus compliquée sur le plan matériel que théorique. Car aujourd’hui les techniques de photogrammétrie permettent de modéliser objets et êtres vivants quelles que soient leur taille ou leur forme. Il suffit d’en prendre des photos sous tous les angles et en très grand nombre si possible, puis de les assembler grâce à un logiciel afin de créer une version 3D virtuelle de l’objet d’origine. Là où cela se corse, c’est lorsque la cible à modéliser gît à un kilomètre de profondeur, baignant au milieu d’eaux opaques.
Les équipes ont donc eu recours à des robots sous-marins équipés de puissantes lumières et de caméras embarquées, et ce sont ainsi pas moins de 25 heures de vidéos du sous-marin filmé en gros plan qui furent obtenues. Chaque frame des vidéos tournées a ensuite été utilisée comme cliché pour la photogrammétrie, pour aboutir au modèle 3D final de la coque.
Le résultat est impressionnant, et le nuage de point produit par l’assemblage de toutes les frames donnera pour sûr le matériel nécessaire aux chercheurs souhaitant déterminer la cause exacte du naufrage de l’USS Grunion.
Et pour le reste, il est clair que ce premier test de scan 3D en profondeur est une réussite, alors à quoi d’autre l’appliquer ?
Tout mais par pitié, ne réveillons pas un kraken endormi…