Les Défis Digitage : Et si on devait… recréer le trésor du Black Pearl ?
C’est un Jack Sparrow particulièrement agité qui débarque ce matin là à notre studio Parisien. L’équipage de Barbossa est à ses trousses et lui ordonne de leur rendre le dernier médaillon Aztèque, pièce manquante de leur trésor maudit. Sparrow n’ayant plus que quelques semaines d’avance sur ses poursuivants, si il ne trouve pas rapidement un moyen de gagner du temps… Ce sera à grands coups de sabre qu’ils lui témoigneront toute leur affection ! Mais comme vous l’imaginez, pas question pour notre farfelu pirate de se laisser attraper sans un dernier tour de passe-passe. Il nous expose son plan.
“Bon, j’ai encooore -il regarde sa montre gousset- quelques semaines d’avance. D’abord, nous allons produire une centaine de copies du médaillon. Des copies identiques en tous points et moulées en métal. Ensuite je retrouve Hector et son délicieux entourage, je leur en donne une et je joue suffisamment la comédie pour qu’ils y croient.”
Avec deux doigts, il mime alors la marche d’une paire de jambes imaginaires et poursuit, “Ils retournent alors au Black Pearl et y attendent la prochaine apparition de la lune pour s’assurer qu’il ne se transforment pas tous en mort vivant. Pendant ce temps ;
- je trouve un acheteur pour le reste de ma cargaison de répliques,
- je réussis à convaincre qu’il s’agit d’une partie du trésor légendaire en prenant bien soin de le rassurer quant à ces -ridicules- histoires de malédiction,
- je m’enfuis avec la moitié du butin en vous laissant la seconde,
- je garde le médaillon, personne ne retrouve plus jamais ma trace et je vais couler des jours heureux quelque part sur cette terre où il coule des rivières de rhum.”
Et de conclure en nous souriant de toutes ses dents, se faisant le plus charmeur possible : “Que diriez-vous de commencer maintenant ?”
Première partie : modéliser le médaillon
Pour créer un double indiscernable du médaillon original, en métal et fidèle au dixième de millimètre près, il faut d’abord le scanner puis le modéliser en 3D.
Pour des demandes d’un tel niveau de précision, nous utilisons la photogrammétrie. Cette technique de modélisation en 3D consiste à trouver des points de correspondance entre les clichés d’un sujet pris tous les angles, afin de le reconstituer en trois dimensions.
Pour pouvoir faire des mises au point suffisamment courtes (passage obligé pour des objets de petite taille) on fixe un objectif “macro” à un de nos appareils photo. On prend alors une vingtaine de photos de chaque face, en variant judicieusement les angles de manière à faciliter le travail du logiciel de traitement.
L’inconvénient des objectifs macro étant leur profondeur de champ particulièrement famélique, il faudra être particulièrement consciencieux lors de l’étape suivante : l’infographie. Pour éliminer le bruit et ne garder que le relief pertinent, notre experte en scan 3D devra redoubler de travail lors de la taille virtuelle du fichier brut.
Rassuré par ces premières explications, le pirate aux dreadlocks se livre alors un peu plus sur son ennemi du jour : “Vous voyez, Moussaillons, mon ami le capitaine Barbossa est aussi idiot qu’un bigorneau mais il a l’oeil pour ce genre de détails. Alors si… Si le poids n’était pas le même ou que les motifs n’étaient pas rigoureusement identiques, c’en serait fini de votre cher “Jack” …”
Deuxième partie : imprimer tout un coffre de médaillons
On lui explique alors qu’une fois les modèles 3D obtenus, on peut imprimer ou mouler n’importe quoi, dans quasiment n’importe quel matériau. Si les médaillons originaux sont en or, notre partenaire sculpteo -spécialiste en impression 3D- pourrait même se charger de créer des moules en résine à partir de nos fichiers, afin d’y fondre les répliques ! Mais restons réalistes : si notre objectif est de reproduire suffisamment de médaillons pour remplir un coffre (ce qui représenterait pas loin de 100 kilos d’or pur), il va falloir envisager un matériau de substitution.
Pour un prix beaucoup plus envisageable, les copies peuvent être imprimées par projection de gouttelettes d’acier à refroidissement immédiat. A la sortie de cette étape, donnant déjà leur forme finale aux médaillons, le métal est néanmoins particulièrement poreux. Pour le densifier et le solidifier, il est alors plongé dans un bain de bronze. Enfin pour leur donner leur aspect final, au plus proche de l’éclat du médaillon maudit original, la plaquage “or” est réalisé par dépôt électrolytique.
Le seul contretemps réside dans le fait que pour tout moulage d’objet en métal, Sculpteo passe par ses ateliers aux Etats-Unis, ce qui pousserait à quelques semaines le délai d’attente de nos précieuses copies.
Qu’en pensez-vous, Mr Sparrow ? Un délai de 3 semaines, c’est jouable pour vous avec l’avance qu’il vous reste encore ?
Parfaitement immobile, il nous regarde d’un air absent pendant quelques secondes comme si son esprit était parti en vadrouille. Soudain, il revient à lui et s’anime, puis nous annonce en nous offrant son plus beau sourire de grand parleur : “Mesdemoiselles et Messieurs, vous venez de vous offrir le plus prestigieux client de toute la Caraïbe”.