Art et Numérique, un futur radieux
Transcender notre rapport à l’Art par les technologies numériques de pointe ? Un idée pas si déconnectée…
Au Grand Palais de Paris s’est tenue, du 7 au 9 juillet dernier, l’exposition “Art # Connexion”. Celle-ci mettait en lumière la manière dont les nouvelles technologies du numérique changent le monde artistique dans son ensemble, de la création d’une oeuvre jusqu’à sa sauvegarde en passant par notre manière de l’apprécier. De quelle manière, et comment cette révolution se déroulera-t-elle ? Eléments de réponse.
La création de l’oeuvre
le système de tilt brush, permettant de créer virtuellement des œuvres en 3D
De la peinture rupestre à la sculpture, en passant par les arts culinaires, la seule limite à l’imagination des artistes aura, à travers les siècles, uniquement consisté en la barrière que constitue le nombre restreint de supports à leur disposition. Avec des projets comme l’application Tilt Brush, le numérique vous offre rien de moins qu’un nouveau support à la création artistique. Un espace entièrement virtuel en trois dimensions, dans lequel l’artiste se déplace à sa guise et avec lequel il interagit physiquement grâce à un casque de VR et des manettes, retranscrivant chacun de ses mouvements pour créer des œuvres complètement uniques et inédites.
La sauvegarde de l’oeuvre
reconstitution par scan 3D de sites archéologiques
Grâce au scan et à la rendition numérique en 3D, il est désormais possible de conserver une réplique virtuelle de tout tableau, sculpture ou site archéologique. Leur manipulation devient alors aussi sûre que aisée, et leur auscultation sous tous les angles (rendue possible jusque dans les moindres détails grâce à une numérisation en haute définition) devient non destructive. Mais les bénéfices ne s’arrêtent pas là : ces techniques numériques, par exemple couplées aux drones, permettent aujourd’hui de scanner et numériser en grands détails des sites archéologiques d’une valeur historique inestimable tout en éliminant purement et simplement la contrainte d’une présence physique là-bas. La start-up française Iconem a d’ailleurs fait de ce challenge sa spécialité, numérisant par exemple le Krak des Chevaliers dans l’ouest de la Syrie ou les ruines de Palmyre.
Une utilisation dérivée de ces technologies est l’immersion à l’intérieur de monuments, scannés et numérisés dans un premier temps, puis regarnis de leurs lustres d’antan afin de recréer les décors tels qu’ils étaient au Moyen-Âge ou sous la Révolution française. Libre à vous alors d’y déambuler, grâce à votre smartphone ou votre tablette (lors de l’expo, l’HistoPad de la Conciergerie). La démarche d’une transition numérique a également été appliquée aux musées contemporains, ainsi il vous est possible de visiter nombres de sites, de musées ou de galeries sans avoir à décoller de votre siège.
une nouvelle manière de regarder, un nouvelle manière d’apprécier
Le numérique permettant désormais une définition d’image en gigapixels (un milliard de pixels ou plus), il est aujourd’hui à la portée de tous de plonger dans un tableau comme jamais auparavant. Vous pourrez découvrir grâce au Deep Zoom des détails que vous n’auriez jamais vu à l’œil nu, et comprendre des traits, des coups de pinceaux ou encore l’ordre d’application de différents à-plats qui vous seraient restés mystérieux sans cela.
Dans l’exposition Art # Connection, le Palais des Beaux-Arts de Lille et le Musée des Beaux-Arts de Lyon avaient par exemple réalisé et partagé leurs copies numériques en gigapixels d’œuvres de Monet, Goya et Bosch, et force fut de constater une réelle nouvelle manière de se connecter à l’artiste. De l’impression générale lors de la découverte du tableau, première étape de l’expérience sensorielle, on suit alors véritablement l’artiste, qui semble nous accompagner à travers le zoom dans les arcanes de son propre chef d’oeuvre. Il paraît nous donner des explications en profondeur sur les techniques qu’il a employé, sur l’intensité et la trajectoire de ses traits, ses secrets de conception. C’est comme si on voyait l’artiste peindre l’oeuvre devant nos yeux. Bluffant. Pour en juger par vous-même, découvrez un catalogue d’oeuvres numériques en gigapixels partagées par le Musée des Beaux-Arts de Lyon. Vous n’en reviendrez pas !
De bien des manières le numérique est donc en train de changer notre rapport à l’Art. De sa conception jusqu’à sa sauvegarde et sa valorisation, les avancées technologiques semblent en mesure de transcender les artistes tout autant que les oeuvres.
Pour résumer : le mariage entre Art et Numérique est désormais consommé, et il ne semble pas prêt de se déliter !
Sources
https://www.grandpalais.fr/fr/article/art-connexion-le-numerique-en-fete-au-grand-palais-pour-toute-la-famille
https://www.lesechos.fr/week-end/business-story/enquetes/0301710294925-iconem-la-start-up-qui-sauve-le-patrimoine-2178620.php
